mercredi 3 septembre 2008

La flexicurité, comme socle évolutif d’une société de la solidarité de proximité

Adopté en décembre 2007 par le Conseil Européen, la notion de flexicurité progresse rapidement dans le débat français. Elle est au centre de l’accord national interprofessionnel signé le 11 janvier 2008 par l’ensemble des partenaires sociaux à l’exception de la CGT.
La flexicurité repose sur quatre axes (contrat de travail, formation, politiques de l’emploi et protection sociale) destiné à favoriser l’adaptation des entreprises à un marché de plus en plus mouvant sans précariser à outrance les salariés. La flexicurité entend inventer un nouveau modèle où la souplesse croissante du contrat de travail serait contrebalancée par un engagement solide en faveur de l’accompagnement social et économique des salariés sur la durée. Cette nouvelle donne implique très clairement de changer de paradigme tant la question de la formation (fin du « totem » du diplôme et possibilité de se former en fonction de son bagage de départ et à partir d’un projet professionnel ou de vie) que sur celle de la relation à l’employeur (capitalisation des périodes et des formes d’activités qu’elles soient salariés ou non ouvrant droit à l’ensemble des prestations sociales).
Mais cette approche qui touche d’abord aux représentations du travail et de la relation hiérarchique, se développe dans une perspective de vieillissement de la population, d’allongement de l’espérance de vie des personnes atteintes de maladies chroniques et de mobilité sociale et professionnelle croissante. Aussi, l’enjeu de la flexicurité dépasse largement le cadre actuel. Elle concerne aussi bien la question du logement que celle du soutien aux aidants de proximité.
En effet l’un des éléments qui contribue à précariser l’employé tient à son accès de plus en plus difficile au logement, en termes de prix et de localisation. Par ailleurs, le différentiel de coût d’un logement participe des freins à la mobilité des salariés.
Sur un autre plan, il apparaît bien que l’entreprise et la collectivité peuvent difficilement faire comme si de nombreux salariés et autres actifs n’avaient pas de parents vieillissants à aider, d’enfants, de compagnon ou de compagne malade chronique à soutenir. Les styles de vie et les contraintes sociales de proximité jouent directement sur la disponibilité des personnes et sur leur engagement. La question de la conciliation vie privée et vie professionnelle est, et sera de plus en plus, un élément déterminant de la relation des individus à l’entreprise.
La flexicurité s’inscrit largement dans cette société de la solidarité de proximité qui devrait émerger dans les années qui viennent et qui va renouveler le contrat social initié dans les années 45.

Serge Guérin