mardi 13 mai 2008

Déficit de confiance, déficit d’avenir

Ce qui mine le plus la France, ce n’est pas sa culture du conservatisme ni son incapacité à se réformer dans le consensus. Non l’enjeu central c’est la confiance. Confiance à la baisse pour un modèle et un mode de vie qui a pourtant fait ses preuves et assuré –quoi que l’on dise- que la majorité des français et des étrangers résidents en France puisse vivre dans de bonne condition. Confiance en berne pour un avenir qui apparaît de plus en plus perturbé. Aron nous a répété que l’histoire était tragique mais nous rêvons collectivement de nous affranchir des secousses du monde. Or, cela apparaît chaque jour un peu moins possible car la mondialisation n’est pas seulement affaire de concurrences mais aussi d’affrontements idéologiques et violents.
Dans un pays moderne, où l’information s’est largement démocratisée, la confiance entre décideurs et citoyens est essentielle au maintien du pacte social. Des efforts peuvent être demandés si chacun à l’impression d’une relative équité. Rawls l’a bien démontré en son temps. Tocqueville le premier a mis en exergue la volonté de chacun d’être aussi égal que l’autre. Or, aujourd’hui chacun croit connaître les privilèges – ou considérés comme tel- des autres et chacun pense que c’est à l’autre de faire des efforts.
Tout cela est assez normal… Sauf que ceux qui ont la charge de demander der efforts, que cela soit dans le champ du politique comme dans celui de l’économique, sont aussi sous la lumière. Le fait que l’individu lambda puisse connaître, ou croire connaître, leurs revenus, stock option et autres arrangements vient entamer la confiance et rendre inaudible un discours sur l’effort et la patience.
Dans une démocratie d’opinion, l’exemple et vertu. JF Lyotard, (La condition post-moderne, Minuit) avait montré la perte de légitimité des grands récits, pour autant le récit individuel devient témoignage et preuve d’engagement dans l’action. Il contribue à sa légitimité.


Serge Guérin